La rareté de la main-d'oeuvre causée par le vieillissement de la
population est un sujet chaud dans les pays développés. Une des
solutions est le maintien des travailleurs plus âgés sur le marché de
l'emploi. Sur ce plan, si certains pays ont du retard, le Canada s'en
tire plutôt bien.
***********************************************
Ainsi, selon l'Organisation de coopération et de
développement économiques, en 2010, le taux d'activité des hommes et
des femmes âgés de 55 à 64 ans était de 62,5 % au Canada et de 64,9% aux
États-Unis.
Dans certains pays d'Europe, ce taux est encore plus élevé,
comme en Norvège (69,6%), en Suisse (70,7 %) et en Suède (74,6 %).
Chez
les hommes, le taux d'activité le plus élevé se retrouve en Islande, où
88,4% des 55-64 ans sont encore sur le marché du travail.
Par
contre, d'autres pays d'Europe ont un taux d'activité faible chez les
55-64 ans. C'est le cas notamment de la Pologne (36,7%), de l'Italie (38
%), de la Belgique (39,2 %), de la France (42,5 %) et de l'Autriche
(43,4 %).
« Il y a beaucoup de raisons pour lesquelles les
personnes restent plus ou moins longtemps sur le marché du travail (la
santé, la richesse, un travail qui a du sens, etc.). Mais on se rend
compte aussi que ça dépend des valeurs culturelles de chaque pays »,
explique Denis Morin, professeur agrégé en gestion des ressources
humaines à ESG UQAM.
« Le Canada se classe plutôt bien pour ce qui
est du taux d'activité chez les 55-64 ans, mais il devra faire mieux,
ajoute M. Morin. Nous avons de sérieux problèmes de productivité, et le
taux d'activité des travailleurs plus âgés est une des solutions. Et non
la moindre. »
Au Canada, le taux d'activité des hommes de 55 à 64 ans est de 68,4 % (70% aux États-Unis ;
88,4% en Islande, en tête des pays de l'OCDE). Chez les Canadiennes de
cette tranche d'âge, le taux tombe à 56,7% (60,2% aux États-Unis). |
Source : OCDE, 2010
RD
samedi, septembre 29, 2012
Les Québécois vieillissent plus vite que le Canada
Les Québécois vieillissent plus vite que les autres Canadiens et l'accroissement de la population québécoise provient aux deux tiers de l'immigration, selon les dernières données de Statistique Canada.
(Source : Agence QMI, Journal de Québec, 28 sept. 2012)
La population québécoise a progressé de 1 %, soit au même rythme que le reste du Canada (1,1 %, soit le plus fort taux de croissance du G8). Au 1er juillet 2012, on dénombrait 8 054 756 Québécois.
Au pays, ce sont l'Alberta (2,5 %) et la Saskatchewan (2,1 %) qui ont affiché la plus forte progression, sur une population totale canadienne frôlant les 35 millions.
« La population québécoise était en moyenne plus âgée que celle du Canada », a expliqué André Lebel, démographe à Statistique Canada qui a participé à ces estimations annuelles de la population pour 2012.
Près d'un Québécois sur six avait plus de 65 ans (16,2 %) pour un âge médian de 41,5 ans au lieu de 40 ans au Canada, d'après les chiffres du recensement de 2006.
Le Québec vieillit aussi plus vite que le reste Canada, où l'âge médian de la population a progressé de 6,4 ans depuis 20 ans comparativement à 7,1 ans au Québec.
En ce qui concerne la migration interprovinciale, plus de Québécois ont quitté la province que de Canadiens ne sont venus s'installer dans la belle province, pour un solde migratoire négatif (-3,886). Les Québécois sont principalement partis en Ontario (65 %) et vers l'Ouest, en Alberta (15 %) et en Colombie-Britannique (8,5 %).
La migration dans le reste du Canada s'est faite vers l'Ouest, l'Alberta et la Saskatchewan en tête.
«Toutes les autres provinces ont des bilans interprovinciaux négatifs», a souligné André Lebel.
La population du Québec a progressé grâce à l'immigration : « les deux tiers de la croissance démographique sont dus au solde migratoire international », a dit André Lebel, soit 51 653 Québécois de plus alors que l'accroissement naturel (soit les naissances moins les décès) s'est élevé à 29 000, pour un solde net de 76 767 par rapport à 2011.
La fécondité au Québec était « jusqu’à tout récemment, inférieure à la moyenne nationale, alors que la proportion d’hommes a diminué partout au pays sauf au Québec et au Manitoba », selon Statistique Canada.
RD
mardi, septembre 25, 2012
Taux d'activité chez les 55 ans et plus, le Canada réussit mieux que d'autres
Dominique Michel, un ange de 80 ans
Notre grande comique Dominique Michel célèbre aujourd’hui son 80e anniversaire de naissance. Elle le fera intimement entourée d’amis, simplement heureuse d’être encore parmi nous. Elle qui a récemment combattu un cancer du côlon.
****************************************
« Je vis au jour le jour », dit tout haut DODO
****************************************
(Article d'Agnès Gaudet, Journal de Québec, 24 sept. 2012)
La petite Sylvestre célèbre aujourd’hui ses 80 ans en savourant les petits bonheurs au quotidien. Il y a quelques semaines, à l’aube de son anniversaire, elle a offert aux Québécois toutes ses archives personnelles, un formidable héritage professionnel. Dix questions à Dominique Michel.
Avoir 80 ans, est-ce une bénédiction ou une fatalité ?
Je ne sais pas (rires). En tout cas, je suis contente de m’être rendue jusque-là.
Quel sentiment vous anime en songeant au passé. Au futur ?
J’ai eu beaucoup de plaisir à faire mon métier, à travailler. J’ai adoré ça. J’ai été super heureuse. Je ne regrette rien. La seule chose qui m’a arrêtée, c’est la maladie.
Reste-t-il de grands rêves à réaliser ?
Des projets, je n’en ai pas du tout, sauf celui d’aller au soleil cet hiver. Je vis au jour le jour. La seule chose qui me tient vraiment à cœur, c’est d’amasser beaucoup d’argent pour la Fondation de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, en vue de la construction d’un centre de cancérologie où seront traités tous les cancers. En ce moment, on a peut-être 19 000 cas et... 22 chaises. Pour l’avoir vécu, je connais l’angoisse des gens et je veux aider.
Aviez-vous imaginé que vos 80 ans seraient liés à cette cause humanitaire ?
Je n’aurais jamais pensé ça. Quand on est en bonne santé, c’est acquis. Rien ne peut nous arriver. On se dit qu’on va finir par mourir un jour, sans trop réfléchir. Mais si on te disait : « Dans deux jours, c’est ton tour... »
Quels sont vos petits bonheurs au quotidien ?
Il y a eu tellement de choses à la télévision : les Olympiques, la commission Charbonneau, les élections. J’ai regardé tout ça jusqu’à la dernière minute et je ne me suis pas couchée. J’aime beaucoup lire aussi. Je prends le temps de lire et de vivre. Je marche, chose que je n’avais pas le temps de faire avant. C’est formidable. Je ne m’ennuie jamais. Je suis une enfant unique, habituée toute petite à jouer seule.
Avez-vous des regrets d’avoir trop travaillé au détriment du vécu ?
J’ai vécu beaucoup beaucoup (rires).
Est-ce vrai que, malgré l’âge, on reste toujours les mêmes en dedans ?
Absolument. Je pense comme lorsque j’avais 30 ans. Je ne me pose pas de questions. Et puis, je suis juste contente d’être là. Point. Parce que... ce n’était pas sûr.
On dit aussi que vous êtes amoureuse, à 80 ans ?
Je ne parle pas de ça. J’ai vu un documentaire à la télé où les gens disaient qu’ils avaient des relations sexuelles à 90 ans. Faut pas se décourager ! Le pays va bien.
Avec qui allez-vous célébrer votre fête ?
Avec ma voisine et amie. On ne sera pas nombreux. Que des amis intimes. Ce sera super agréable. On va rire. De grandes fêtes, j’en ai eu plein à Juste pour rire. Et puis, lors des grandes fêtes, on n’a pas le temps de voir tout le monde.
Est-ce qu’on vous verra quelque part prochainement ?
Je fais quelques émissions de télé (Deux filles le matin aujourd’hui), mais rien d’autre. J’ai eu toute une vie et j’ai donné tout ce que j’avais aux Archives du Québec, à la fin du mois d’août : environ 75 albums, tous mes trophées, un camion de boîtes de photos — de moi enfant avec mes parents, de mes débuts, du Beu qui rit, de Moi et l’autre, plein d’émissions de télé. Un grand ménage. Qui aurait pris ça, avec les petits appartements d’aujourd’hui.
(Article d'Agnès Gaudet, Journal de Québec, 24 sept. 2012)
La petite Sylvestre célèbre aujourd’hui ses 80 ans en savourant les petits bonheurs au quotidien. Il y a quelques semaines, à l’aube de son anniversaire, elle a offert aux Québécois toutes ses archives personnelles, un formidable héritage professionnel. Dix questions à Dominique Michel.
Avoir 80 ans, est-ce une bénédiction ou une fatalité ?
Je ne sais pas (rires). En tout cas, je suis contente de m’être rendue jusque-là.
Quel sentiment vous anime en songeant au passé. Au futur ?
J’ai eu beaucoup de plaisir à faire mon métier, à travailler. J’ai adoré ça. J’ai été super heureuse. Je ne regrette rien. La seule chose qui m’a arrêtée, c’est la maladie.
Reste-t-il de grands rêves à réaliser ?
Des projets, je n’en ai pas du tout, sauf celui d’aller au soleil cet hiver. Je vis au jour le jour. La seule chose qui me tient vraiment à cœur, c’est d’amasser beaucoup d’argent pour la Fondation de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, en vue de la construction d’un centre de cancérologie où seront traités tous les cancers. En ce moment, on a peut-être 19 000 cas et... 22 chaises. Pour l’avoir vécu, je connais l’angoisse des gens et je veux aider.
Aviez-vous imaginé que vos 80 ans seraient liés à cette cause humanitaire ?
Je n’aurais jamais pensé ça. Quand on est en bonne santé, c’est acquis. Rien ne peut nous arriver. On se dit qu’on va finir par mourir un jour, sans trop réfléchir. Mais si on te disait : « Dans deux jours, c’est ton tour... »
Quels sont vos petits bonheurs au quotidien ?
Il y a eu tellement de choses à la télévision : les Olympiques, la commission Charbonneau, les élections. J’ai regardé tout ça jusqu’à la dernière minute et je ne me suis pas couchée. J’aime beaucoup lire aussi. Je prends le temps de lire et de vivre. Je marche, chose que je n’avais pas le temps de faire avant. C’est formidable. Je ne m’ennuie jamais. Je suis une enfant unique, habituée toute petite à jouer seule.
Avez-vous des regrets d’avoir trop travaillé au détriment du vécu ?
J’ai vécu beaucoup beaucoup (rires).
Est-ce vrai que, malgré l’âge, on reste toujours les mêmes en dedans ?
Absolument. Je pense comme lorsque j’avais 30 ans. Je ne me pose pas de questions. Et puis, je suis juste contente d’être là. Point. Parce que... ce n’était pas sûr.
On dit aussi que vous êtes amoureuse, à 80 ans ?
Je ne parle pas de ça. J’ai vu un documentaire à la télé où les gens disaient qu’ils avaient des relations sexuelles à 90 ans. Faut pas se décourager ! Le pays va bien.
Avec qui allez-vous célébrer votre fête ?
Avec ma voisine et amie. On ne sera pas nombreux. Que des amis intimes. Ce sera super agréable. On va rire. De grandes fêtes, j’en ai eu plein à Juste pour rire. Et puis, lors des grandes fêtes, on n’a pas le temps de voir tout le monde.
Est-ce qu’on vous verra quelque part prochainement ?
Je fais quelques émissions de télé (Deux filles le matin aujourd’hui), mais rien d’autre. J’ai eu toute une vie et j’ai donné tout ce que j’avais aux Archives du Québec, à la fin du mois d’août : environ 75 albums, tous mes trophées, un camion de boîtes de photos — de moi enfant avec mes parents, de mes débuts, du Beu qui rit, de Moi et l’autre, plein d’émissions de télé. Un grand ménage. Qui aurait pris ça, avec les petits appartements d’aujourd’hui.
COMMENTAIRE DE PHILOMAGE
Un exemple de simplicité et de réussite. La plupart d'entre nous l'avons connu à un moment donné de sa brillante carrière, soit au cours d'un Bye Bye, une émission de télévision, en spectacle, comme comédienne ou chanteuse, etc. Longue vie à cette charmante dame!
RD
mercredi, septembre 19, 2012
Le Salon Fadoq, du 21 au 23 sept. 2012 à Québec
*************************************
Enfin, un premier Salon entièrement dédié aux personnes de 50 ans + avec l’arrivée du Salon FADOQ 50 ans +du 21 au 23 septembre 2012, au Centre de foires d’ExpoCité, à Québec.
*************************************
Initié par la FADOQ - Régions de Québec et Chaudière-Appalaches qui compte 50 000 membres, il deviendra le plus important rendez-vous des 50 ans + et permettra de réunir sur place plus de 80 exposants venus présenter leurs produits et leurs services pour leur faciliter la vie.
C’est ainsi que nous retrouverons des intervenants du milieu de la santé-beauté, du loisir, de l’immobilier, de l’alimentation et des services financiers.
Les 50 ans + ont les mêmes intérêts, les mêmes besoins et veulent bien vieillir. La plupart des 50 ans + sont préoccupés par l’avenir de leurs enfants, leurs petits-enfants et même de leurs propres parents.
Le Salon FADOQ 50 ans + leur permettra de trouver des conseils et des solutions auprès des différents exposants et des nombreux conférenciers tout au long de ce week-end.
Rappelons que la FADOQ - Régions de Québec et Chaudière-Appalaches fait partie d’un vaste réseau de 260 000 membres répartis dans chacune des17 régions administratives du Québec.
Pour obtenir le programme du salon ou plus d'informations : www.fadoq-quebec.qc.ca/
HORAIRE : Vendredi de 10 h à 18 h et week-end de 10 h à 17 h
-----------------------------------------------------------------------------------
COMMENTAIRE DE PHILOMAGE
Un événement à ne pas manquer.
RD
Enfin, un premier Salon entièrement dédié aux personnes de 50 ans + avec l’arrivée du Salon FADOQ 50 ans +du 21 au 23 septembre 2012, au Centre de foires d’ExpoCité, à Québec.
*************************************
Initié par la FADOQ - Régions de Québec et Chaudière-Appalaches qui compte 50 000 membres, il deviendra le plus important rendez-vous des 50 ans + et permettra de réunir sur place plus de 80 exposants venus présenter leurs produits et leurs services pour leur faciliter la vie.
C’est ainsi que nous retrouverons des intervenants du milieu de la santé-beauté, du loisir, de l’immobilier, de l’alimentation et des services financiers.
Les 50 ans + ont les mêmes intérêts, les mêmes besoins et veulent bien vieillir. La plupart des 50 ans + sont préoccupés par l’avenir de leurs enfants, leurs petits-enfants et même de leurs propres parents.
Le Salon FADOQ 50 ans + leur permettra de trouver des conseils et des solutions auprès des différents exposants et des nombreux conférenciers tout au long de ce week-end.
Rappelons que la FADOQ - Régions de Québec et Chaudière-Appalaches fait partie d’un vaste réseau de 260 000 membres répartis dans chacune des17 régions administratives du Québec.
Pour obtenir le programme du salon ou plus d'informations : www.fadoq-quebec.qc.ca/
HORAIRE : Vendredi de 10 h à 18 h et week-end de 10 h à 17 h
-----------------------------------------------------------------------------------
COMMENTAIRE DE PHILOMAGE
Un événement à ne pas manquer.
RD
mardi, septembre 11, 2012
Des soins palliatifs à la maison au sud-ouest d'Ottawa
*************************************
Un organisme de charité veut offrir des soins palliatifs à l'extérieur de l'hôpital
*************************************
Des résidents au sud-ouest d'Ottawa se mobilisent pour
lancer un programme de soins palliatifs à domicile. Le « Hub Hospice
Project » veut offrir une solution de rechange aux patients qui ne
veulent pas terminer leur vie à l'hôpital.
L'organisme
de bienfaisance veut aider les gens en fin de vie en s'occupant de
l'entretien ménager et en assurant une présence à la maison. Jusqu'à
présent, une vingtaine de personnes travaillent comme bénévoles pour
aider ces patients.
La
demande pour ce type de soins est très élevée dans les zones rurales à
proximité d'Ottawa, comme Mississippi Mills. Le projet serait créé dans
la municipalité d'Almonte.
Le
« Hub Hospice Project » a déjà investi 10 000 $ dans le projet, mais il
a besoin de financement gouvernemental. L'organisme espère recevoir des
fonds du Réseau local d'intégration des services de santé (RLISS) de
Champlain pour pouvoir payer une infirmière à temps partiel. Il compte
également pouvoir travailler de concert avec les médecins locaux et les
infirmières de l'hôpital.
Si
les plans financiers et le recrutement de bénévoles vont comme prévu,
le « Hub Hospice Project » pourrait s'occuper de ses premiers patients
l'été prochain.
Des programmes similaires existent déjà à Ottawa et à Barry's Bay.
Source : radio-canada.ca
RD
dimanche, septembre 09, 2012
Travaillez fort et vivez longtemps...
Article d'Yves Dalpé, psychologue, Le Soleil, 9 septembre 2012
*************************************
Selon une étude américaine, ce sont les gens qui restent très impliqués dans une carrière significative et qui travaillent le plus fort qui vivent le plus longtemps.
***************************************
(Québec) Si vous êtes comme moi, vous êtes charmés par les reportages sur les centenaires qui semblent encore lucides et en bonne santé. On pose toujours la même question à ces personnes: quel est votre secret? Et on entretient tous nos propres idées sur la question en s'imaginant, par exemple, qu'il faut surtout éviter les excès, se reposer beaucoup et probablement prendre tôt sa retraite pour se ménager. La vérité vous paraîtra peut-être surprenante, mais elle a beaucoup de sens pour moi.
Voulez-vous vivre longtemps et en bonne santé? Voici donc la vraie recette selon une recherche fascinante sur la longévité effectuée par deux chercheurs américains qui viennent de publier aux États-Unis le fruit de leur travail.
Fait inusité, les 1500 personnes recrutées pour cette recherche l'ont été en 1921 quand elles étaient enfants (garçons et filles)! Ce bassin de sujets de recherche a donc apporté des informations précieuses s'étalant sur une durée de 90 ans. Comme les chercheurs ont accumulé durant toutes ces années des données sur les traits de personnalité de ces personnes, leurs relations interpersonnelles, leurs diverses expériences dans la vie et leur cheminement professionnel tout au cours de leur vie, ils ont pu faire de riches liens scientifiques.
Ces chercheurs, Friedman et Martin, auteurs du livre intitulé The Longevity Project publié en 2011, peuvent donc livrer les vrais secrets d'une longue vie. Premièrement, ils entérinent l'idée des liens étroits entre la santé mentale, la santé physique et la longévité. Autrement dit, ce sont les gens en bonne santé mentale qui sont en bonne santé physique et qui vivent longtemps. Les auteurs dénoncent par le fait même le modèle biomédical traditionnel qui conçoit la maladie comme une pure malchance occasionnée par des facteurs externes à l'individu. Par exemple, le malheureux hasard d'avoir été contaminé par des microbes.
Non, la maladie n'arrive pas par hasard. Saviez-vous que les 10 principales causes de décès aux États-Unis sont attribuables à des comportements modifiables? Des facteurs comme le type de personnalité, la qualité des liens conjugaux, familiaux et amicaux d'une personne entrent en jeu pour expliquer les grandes différences entre les individus en terme de susceptibilité aux blessures et aux maladies. Par exemple, nos chercheurs Friedman et Martin rapportent que les garçons non consciencieux, même ceux qui étaient très intelligents, ont par la suite, dans leur vie d'adulte, vécu de mauvais mariages, ont fumé davantage et consommé plus d'alcool, se sont moins scolarisés et ont eu moins de succès dans leur travail en plus de décéder plus jeunes que les autres.
Autre constatation surprenante de cette recherche longitudinale de 90 ans: le stress, selon Friedman et Martin, fait l'objet d'un «terrible malentendu». Les auteurs déplorent même ces mauvais conseils donnés aux personnes vieillissantes de ralentir le rythme au travail, de «prendre ça mollo», de cesser de se faire du souci et de se retirer en Floride. La longévité penche au contraire du côté des travaillants, affirment-ils. Les chercheurs ont en effet découvert que ceux qui travaillent le plus fort sont ceux qui vivent le plus longtemps! Les gens responsables et qui réussissent dans la vie vivent longtemps, spécialement s'ils se dédient à des objectifs et à des personnes. Ce sont ceux qui restent très impliqués dans une carrière significative et qui travaillent le plus fort qui vivent le plus longtemps.
Toujours selon cette recherche longitudinale impressionnante, pour vivre longtemps et en bonne santé, le plus important n'est pas tant de s'astreindre à des programmes d'exercice rigoureux, mais bien plus d'être connecté aux autres de multiples façons par le mariage, la famille, l'amitié, le travail, la communauté et de se sentir utile. L'individu typique qui vit le plus longtemps et en bonne santé est consciencieux, est entouré de bons amis, déploie son énergie dans un travail significatif pour lui, vit un mariage heureux dont il se sent responsable. C'est foncièrement une personne réfléchie qui planifie ses actions et est persévérante dans ses entreprises malgré les défis de la vie.
***
COMMENTAIRE DE PHILOMAGEL'individu forme un tout. Pour vivre vieux, il doit y avoir convergence dans la façon de vivre les divers âges de la vie. C'est fondamental! Comme on ne peut éviter tous les dangers et hasards malencontreux de la vie, notre attitude psychologique face aux défis joue énormément dans notre réussite à prolonger notre existence, avec la meilleure qualité de vie possible.
Ce qui n'exclut aucunement les petites et bonne recettes au quotidien pour préserver notre santé : bien manger, bien dormir, éviter les grands stress, ne pas se surmener, respecter ses limites, ...
Le reste est pour une large part une question d'hérédité. Pour vous réconforter, pensez à vos grands-parents et arrières-grands-parents. S'ils ont vécu vieux et heureux, il y a toutes les chances que la même chose vous arrive. Sinon, lancez les dés : probablement que la chance jouera en votre faveur.
RD
Conclusions du sondage Léger Marketing-Le Devoir-The Gazette - Une élection décevante pour tous
Article de Guillaume Bourgeault-Côté, le Devoir, 8 septembre 2012
**********************************
Surprise, déception et inquiétude : les trois mots résument au mieux la réaction des Québécois par rapport aux résultats de l’élection de mardi, suggère un sondage Léger Marketing préparé pour Le Devoir et The Gazette.
**************************************
Trois jours à peine après l’élection, près de la moitié des répondants (48 %) se disent ainsi « insatisfaits » de la conclusion des 35 jours de campagne. Même les péquistes victorieux sortent du processus un peu amers (38 % d’insatisfaits), malgré la - courte - victoire de Pauline Marois.
« Les gens ne sont pas satisfaits, il y a clairement quelque chose d’inachevé avec les résultats, estime Christian Bourque, vice-président chez Léger. Les péquistes ne sont pas heureux d’être minoritaires, les libéraux auraient voulu gagner, les caquistes sont déçus d’avoir eu aussi peu de sièges [19] avec autant de votes [27 %]… Pour tout le monde, il y a de la déception. Et ça pourrait faire en sorte que la marmite explose rapidement. »
Les deux tiers des répondants pensaient que la Coalition avenir Québec allait gagner plus de sièges (64 %) et sont globalement surpris du résultat des élections (63 %). Une bonne proportion (58 %) se dit aussi « inquiète quant à l’instabilité politique » découlant de la dynamique minoritaire. Dans l’hypothèse d’un « blocage à l’Assemblée nationale », la moitié des répondants souhaitent que de nouvelles élections soient déclenchées, alors que 31 % préférerait que le PLQ et la CAQ s’allient pour former le gouvernement - une idée que François Legault a maintes fois rejetée en campagne, soutenant ne pas vouloir s’associer à un « parti corrompu ».
Une personne sur deux s’attendait à ce que le PQ remporte plus que les 54 sièges obtenus au terme de la soirée (neuf péquistes sur dix le pensaient). Mais la performance des libéraux (50 sièges) a au contraire étonné : seulement une personne sur quatre s’attendait à ce que le PLQ fasse mieux - même la moitié des libéraux n’y croyait pas.
Vote pour, vote contre
Les répondants au sondage affirment avoir voté d’abord et avant tout pour un parti (65 %) plutôt que contre (34 %). Le vote de protestation est plus fort chez les anglophones (56 %), alors que les francophones (70 %) et les électeurs de Québec solidaire ont voté par appui et non par dépit.
Ceux qui ont voté en opposition à un parti l’ont fait parce qu’ils ne voulaient pas du Parti libéral (54 %) et du Parti québécois (53 % - et 89 % des anglophones). Nouveaux venus sur l’échiquier politique, la CAQ et Québec solidaire ont chacun motivé le vote négatif d’un électeur sur quatre.
Les électeurs libéraux ont appuyé la formation de Jean Charest pour trois raisons qui ne se démentent pas à travers le temps : parce qu’ils sont fédéralistes, parce qu’ils ne souhaitent pas l’élection du PQ et parce que le PLQ est jugé mieux placé pour assurer le développement économique du Québec. Un répondant libéral sur quatre a aussi identifié le soutien à la hausse des droits de scolarité parmi les deux réponses autorisées pour cette question.
Chez les péquistes, les raisons du soutien sont aussi classiques : le souhait que le PLQ soit battu, le positionnement souverainiste du PQ et le fait qu’il est jugé le meilleur pour défendre l’identité québécoise et la langue française. Le ton général du programme arrive au quatrième rang.
Ceux qui ont voté pour la CAQ l’ont fait parce que c’était « le meilleur parti pour faire le ménage et éliminer la corruption »… et parce qu’ils voulaient bloquer le PQ (25 % des répondants) et le PLQ (23 %). Le programme (22 %) et le fait que le parti « représente le mieux le changement » (22 %) ont également suscité des adhésions.
Les débats, encore
C’est encore le traditionnel débat des chefs qui a été considéré comme l’événement le plus marquant de la campagne (21 % des répondants). Suivent l’annonce de la candidature de Jacques Duchesneau comme candidat de la CAQ (8 %), le débat entre Pauline Marois et François Legault (8 %), le débat entre Jean Charest et Pauline Marois (7 %) et la controverse autour des référendums d’initiative populaire (6 %). À noter que 22 % des répondants estiment qu’aucun événement n’a été marquant durant la campagne.
Le tiers des Québécois (34 %) qui ont voté avaient de toute façon fait leur choix avant même le début de la campagne électorale. Les autres se sont décidés dans les premiers jours de la campagne (16 %), après les débats des chefs (15 %) ou dans la dernière semaine de campagne (10 %). Certains ont étiré la réflexion au maximum : 9 % des électeurs se sont décidés le jour du vote, et 6 % ont fait leur choix dans l’isoloir, le crayon à la main.
C’est le PQ qui pouvait compter sur le bassin le plus fidèle d’électeurs (51 % du soutien avant le déclenchement de la campagne). En comparaison, la CAQ n’avait que 14 % de ses futurs électeurs à ce moment. C’est surtout après les débats que François Legault a fait le plein d’électeurs. Près de 60 % des libéraux étaient quant à eux décidés avant les débats. Le vote de Québec solidaire s’est pour sa part composé tout au fil de la campagne, particulièrement après le débat auquel Françoise David a participé.
Selon Christian Bourque, « la campagne s’est jouée en deux temps : la première moitié a été une sorte de plébiscite anti-PLQ, qui a permis à la CAQ de gagner des points. Mais après les débats, on a vu ressurgir la question du référendum - notamment parce que François Legault l’a beaucoup poussée - et ça a probablement donné un bon coup de pouce aux libéraux, qui ont récupéré leur vote anglophone. La CAQ a gagné des points quand elle parlait de son programme : elle s’est fait doubler quand M. Legault s’est lancé dans la question référendaire. Ce n’était pas son discours. »
Le sondage a été réalisé en ligne auprès de 808 Québécois au lendemain de l’élection (5-6 septembre). Les données ont notamment été pondérées selon le taux de votation à l’élection. Puisque le sondage est non-probabiliste, il ne comporte pas de marge d’erreur. Mais un sondage téléphonique de cette ampleur aurait une marge d’erreur de 3,5 % dans 19 cas sur 20, soutient Léger Marketing.
***
Quelques données sur l’élection
- Avec 31,9 % du vote, le PQ a obtenu 43 % des sièges (54 députés). - Avec 31,2 % du vote, le PLQ a obtenu 40 % des sièges (50 députés).
- Avec 27 % des votes, la CAQ a obtenu 15 % des sièges (19 députés).
Le PQ a remporté la victoire en voyant ses appuis diminuer. En 2008, le PQ avait
obtenu 35,1 % des votes et 41 % des sièges (51 députés). Le PLQ avait obtenu 42 % des votes et 53 % des sièges (66 députés).
Le dernier gouvernement minoritaire (2007) comptait 48 députés pour le PLQ, 41 pour l’ADQ et 36 pour le PQ.
- Plus haut taux de participation le 4 septembre 2012 : 88 %, dans Montarville.
- Plus faible taux de participation le 4 septembre 2012 : 42 %, dans Ungava.
Autre commentaire de la Presse Canadienne
Quatre jours après les élections générales du 4 septembre, près de la moitié des Québécois, 48 % , se disent insatisfaits des résultats, selon un sondage Léger-Le Devoir - The Gazette. Même les péquistes victorieux sortent du processus un peu amers. Ils sont 38 % d'insatisfaits par rapport à un gouvernement minoritaire. Trois Québécois sur cinq se disent inquiets quant à l'instabilité politique découlant de la dynamique minoritaire.
Dans l'hypothèse d'un blocage à l'Assemblée nationale, la moitié des répondants souhaitent que de nouvelles élections soient déclenchées, alors que 31 % préféreraient que le Parti libéral et la Coalition avenir Québec s'allient pour former un gouvernement...
COMMENTAIRE DE PHILOMAGE
On n'a pas fini d'en entendre parler des conséquences de cette élection. Dans l'hypothèse où Mme Marois réussissait à renforcer sa position électorale à court ou moyen terme, elle sauterait sur l'occasion pour relancer son option souverainiste, malgré le fait que plus de 60 % de la population québécoise n'est pas intéressé par cette alternative. Elle se cherche un pays, cette chère Madame!
Je crois que le résultat de l'élection du 4 septembre est le mieux qui pouvait arriver dans les circonstances. Ainsi, notre statut identitaire « Canadien » à l'intérieur de la Confédération canadienne n'est plus remis en question du moins pour les prochains mois, certains diront les prochains 18 à 24 mois. Mme Marois et son gouvernement minoritaire vont devoir subir les foudres d'une opposition bien organisée, connaissant bien la machine administrative et les principaux dossiers à l'ordre du jour. Le PLQ va se nommer un nouveau chef rassembleur s'appuyant sur 50 députés chevronnés alors que la CAQ va être en mesure de se payer des recherchistes et occuper une place respectable dans les débats à l'Assemblée nationale et les comités parlementaires, tout ça en vue d'une éventuelle lutte électorale prévue avant deux ans.
La première échéance à franchir pour le PQ sera sûrement le dépôt en avril prochain du budget. C'est à ce moment-là que ça va jouer dur au plan des négociations et des compromis. Les grands gagnants de cette lutte épique seront donc les Québécois en général.
Et ça nous touche tout particulièrement, nous, les Seniors et/ou les Aînés, face à nos besoins incontournables en santé, en logements, en personnels de soutien, etc.
RD
samedi, septembre 08, 2012
Après les élections du 4 sept. un Québec cassé et fragmenté : est-ce grave ?
Deux articles de Mathieu Bock-Côté, Journal de Québec, 7 septembre 2012
BIOGRAPHIE SOMMAIRE :
Mathieu Bock-Côté est sociologue et chargé de cours au département de sociologie de l’UQAM. Il est l’auteur de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007) et de La cité identitaire (Athéna, 2007) en plus de nombreux chapitres de livres et articles scientifiques portant sur l’histoire de l’identité québécoise, les idées politiques et la question du conservatisme.
Il a aussi travaillé comme rédacteur au cabinet de Bernard Landry de 2003 à 2004.
(ANALYSE d'un chroniqueur chevronné, blogueur et journaliste au Journal de Québec et de Montréal).
AU LECTEUR DE SE FAIRE UNE IDÉE !
BIOGRAPHIE SOMMAIRE :
Mathieu Bock-Côté est sociologue et chargé de cours au département de sociologie de l’UQAM. Il est l’auteur de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007) et de La cité identitaire (Athéna, 2007) en plus de nombreux chapitres de livres et articles scientifiques portant sur l’histoire de l’identité québécoise, les idées politiques et la question du conservatisme.
Il a aussi travaillé comme rédacteur au cabinet de Bernard Landry de 2003 à 2004.
(ANALYSE d'un chroniqueur chevronné, blogueur et journaliste au Journal de Québec et de Montréal).
AU LECTEUR DE SE FAIRE UNE IDÉE !
« Un Québec cassé »
Le Parti québécois a peut-être gagné l’élection, mais les
souverainistes l’ont perdue. Avec un gouvernement aussi faible, ils
pourront difficilement appliquer les mesures les plus importantes de
leur programme.
Je ne parle même pas de l’indépendance. Tout le monde savait que Pauline Marois ne la ferait pas. Je parle du cégep français, de la création d’une citoyenneté québécoise, de la nouvelle loi 101 et probablement de la loi sur la laïcité. Le slogan de l’année à venir : l’impuissance au pouvoir !
Le projet souverainiste est épuisé. Comme si les Québécois ne se préoccupaient plus de leur destin comme peuple, mais seulement de leur avenir comme société. Et encore ! S’intéressent-ils vraiment à l’avenir, dans la société de la jouissance immédiate ?
Je pose la question : sommes-nous encore un peuple ? Ne sommes-nous pas plutôt une série de clientèles hostiles les unes aux autres, entretenues artificiellement par un État endetté qui ne sait plus vraiment quelle est sa mission ?
Fracture profonde
Le Québec est divisé. Comme jamais. Aux belles années du Oui et du Non, nous n’étions pas d’accord, mais nous savions quel était notre désaccord. Aujourd’hui, les Québécois ne se parlent plus. Ils ne savent plus ce qui les unit, ni même ce qui les désunit.
Les résultats électoraux reflètent une fracture plus profonde. Chaque parti a joué sa base : la gauche souverainiste pour le PQ, les ultrafédéralistes pour le PLQ, le centre droit pour la CAQ. Chacun constate que sa base est insuffisante pour prendre le pouvoir.
Un fait ressort pourtant. Le Québec est majoritairement « à droite ». Je ne parle pas d’une droite radicale, mais du centre droit ordinaire, celui qui ne se pâmait pas devant les étudiants au printemps et qui croit notre société paralysée dans le « modèle québécois ».
La « droite », ce n’est pas seulement une question d’efficacité, mais de « valeurs traditionnelles » : responsabilité individuelle ; effort ; famille ; enracinement identitaire ; rigueur budgétaire. Printemps érable ou non, le « progressisme » n’a plus le monopole des valeurs québécoises.
Courant réformateur
Au sein même du Québec francophone, il y a tout un courant réformateur qui fait le constat d’échec de la social-démocratie ou, du moins, qui critique ses excès. Il a porté plusieurs noms depuis 10 ans. On l’a nommé ADQ ou Québec lucide, on l’appelle désormais CAQ.
Si, dans la région de Québec, il est clairement fédéraliste, ailleurs, et surtout dans le 450, il est nationaliste. Ses partisans n’ont pas d’attachement émotif au Canada. Ces gens-là pourraient voter Oui au référendum. Mais c’est leur 1 000e priorité.
Les souverainistes devront s’ouvrir à eux. Ils ont remarquablement rénové leur programme identitaire depuis cinq ans. Ils devront maintenant rénover leur programme socioéconomique. À trop marcher sur leur jambe gauche, ils ont fini par claudiquer.
Je l’écris depuis des années : les souverainistes préfèrent perdre 100 votes à droite qu’un vote à gauche. Dans le premier cas, ils relativisent la perte. Dans le deuxième, ils ont l’impression de perdre leur âme. Le PQ était obsédé par Québec solidaire et le carré rouge. C’était suicidaire.
Avec la Révolution tranquille, le nationalisme est passé de droite à gauche. Après 50 ans, comprendra-t-on qu’il est allé trop loin ? Que le Québec n’appartient pas qu’aux sociaux-démocrates ? Qui osera faire ce constat ? Qui en tirera les conséquences ?
Étrange année 2012. Elle a commencé dans le cynisme absolu. Tout était noir. C’était, disait-on, l’hiver démocratique. La politique était synonyme de corruption. Les Québécois ne voyaient pas une classe politique occupée aux affaires publiques, mais un rassemblement de fourbes, petits et grands, occupés à piller le bien commun pour leur plaisir privé. Comme si les Québécois ne croyaient plus en leur destin collectif, seulement à leur avenir individuel. Le gouvernement Charest représentait parfaitement le confort et l’indifférence dans laquelle s’installait une société trouvant dans le festivisme primaire ou sophistiqué la seule manière de s’exciter un peu. Oui, je caricature. Mais pas tant que ça. Le constat général était celui de la dépolitisation de la vie québécoise.
Puis est venue une suite étrange. Le «printemps érable». Une grande manifestation de la gauche québécoise (et au paroxysme du mouvement des casseroles, une manifestation allant bien au-delà de la gauche «QS») que l’on a pris à tort, toutefois, pour celle du peuple québécois en entier. Il y a eu une grand ouverture de l’espace public à l’idéal politique. Pour le meilleur et pour le pire. On s’est rappelé que la politique n’était pas qu’une affaire comptable. On s’est rappelé que le collectif est un besoin profond auquel nos sociétés ne savent pas répondre adéquatement. Une certaine jeunesse a aussi rappelé l’injustice intergénérationnelle majeure qu’elle subira quand se croiseront la logique d’endettement d’un État providence déjà en crise et le vieillissement de la population qui cassera l’équilibre des solidarités collectives.
Mais on a oublié que la politique avait aussi quelque chose à voir avec la réalité, qu’il s’agit moins pour elle d’inventer un monde que de rendre celui que nous avons toujours un peu plus habitable. La rhétorique révolutionnaire de l’ultragauche correspond rarement aux réformes exigées par une société, réformes toujours à accorder avec le principe de réalité. Celui-ci se décline ainsi : tout n’est pas possible. Il faut faire des choix. Une action n’a jamais exactement les résultats que l’on espère d’elle. Autrement dit, toute utopie déçoit ses promesses. La vieille manie qui consiste à croire que les riches ont tout et qu’il suffit de leur prendre ce qu’ils ont pour fabriquer par décret une société plus juste s’est renouvelée dans le discours public. Un peu plus et on rejouait les vieilles chansons de la lutte des classes, faite sur mesure pour enrayer la croissance d’une société et briser l’harmonie sociale.
D’un coup, la rue devenait un étrange théâtre, croyant exprimer la volonté populaire, contre une Assemblée nationale accusée d’incarner une forme désuète de la démocratie – ou oubliait pourtant que c’est le peuple qui avait voté pour les députés. Cela ne comptait plus : puisque la démocratie ne se résumait pas à «un vote aux quatre ans», mieux valait apparemment mépriser le résultat de ce vote. On oubliait que la démocratie n’est pas qu’un système de représentation des préférences populaires, mais d’abord un système de gouvernement. Le mépris anarchisant pour l’autorité conduisait à terme la société à l’impuissance politique. Ceux qui réduisent le processus électoral à «un vote aux quatre ans» témoignent aussi de leur mécompréhension profonde de notre système démocratique, de son fonctionnement et du rôle des partis dans une démocratie libérale.
Le débat ne portait pas seulement sur la hausse des frais de scolarité. Mais sur la vision de l’éducation. Sur la vision de la prospérité. Sur la vision et la fonction de la croissance économique. Sur la conception de l’ordre public. Sur celle de la démocratie. Sur les mécanismes de la solidarité sociale. Sur la valeur de la responsabilité individuelle. C’est tout un malaise accumulé depuis des années qui s’est engouffré dans la brèche du printemps québécois, et des philosophies politiques concurrentes qui se sont affrontées, sans toujours dire leur nom, puisqu’un camp prétendait avoir le monopole du réel, alors que l’autre réclamait celui de l’idéal.
Chose certaine, le débat entre la gauche et la droite sur lequel on théorisait depuis longtemps est arrivé ici en évacuant la question nationale, même si on en préservait quelques apparences (et même si elle continue évidemment d’intéresser un segment de l’électorat). Et il faut en convenir, les grands idéaux du printemps québécois n’avaient pas vraiment d’échos politiquement, sauf peut-être à Québec solidaire, ce qui en dit moins sur la faiblesse de notre système de représentation que sur l’écho populaire finalement limité des exigences de la «rue». Le mouvement du carré rouge dépassait-il vraiment quelques quartiers et quelques milieux sociaux disposant d’un accès privilégié à l’espace public? Et pourtant le Québec s’éveillait politiquement. Et le peuple commençait à avoir hâte. Hâte aux élections. Hâte à la joute permettant de transposer politiquement les querelles du printemps.
La division québécoise
Hâte aux élections, dis-je. Je passe vite sur la campagne, qui ne manquait pas d’intérêt. Mais déception devant les résultats. Déception terrible. Fallait-il s’en surprendre? Après de telles tensions, de tels déchirements, et cela dans une société ne parvenant pas vraiment à faire son deuil de l’indépendance, on l’a constaté mais ne désirant pas vraiment non plus la poursuivre: le Québec est une société profondément divisée, fragmentée, où se multiplient les lignes de fracture, où les tensions idéologiques s’exaspèrent. Cette fragmentation politique recouvre probablement des fractures sociologiques et culturelles plus profondes que la mythologie du Québec moderne avait fait disparaître du radar politique, mais qui ressortent au fur et à mesure que nous sortons du grand récit de la Révolution tranquille. L’identité québécoise «moderne» a travaillé inégalement les différents segments du Québec francophone, et on peut croire qu’un certain ressentiment contre le modernisme technocratique incarné par le PQ et associé aux privilégiés du modèle québécois revient aujourd’hui à la manière d’un sentiment longtemps refoulé. Certains médias comme certains courants politiques en cours d’organisation capitalisent sur ce malaise.
Non seulement nous ne savons pas ce qui nous rassemble. Mais nous ne savons plus ce qui nous divise. Souverainistes ou fédéralistes? Progressistes ou conservateurs? Carrés rouges ou carrés verts? Ou oublie une chose : une société avec trop de lignes de fractures s’éparpille davantage qu’elle ne cultive le pluralisme (on imagine, dans ce contexte, les effets désastreux d’une représentation proportionnelle qui viendrait multiplier les partis à idée fixe). C’est paradoxalement dans l’horreur partagée devant l’attentat d’un psychopathe que notre société est parvenue à refaire un peu son unité, dans un rappel existentiel des règles démocratiques qui représentent le premier patrimoine politique de notre civilisation – parmi celles-là le refus absolu de la violence politique (je me permets d’ajouter que l’instrumentalisation du crime de ce désaxé par un camp ou par un autre n’aide pas le débat public, et vient l’empoisonner davantage). Certains trouveront aussi un réconfort dans l’élection d’une femme comme premier ministre. C’est évidemment un symbole fort dans notre histoire démocratique. Cela ne fait pas un projet politique pour autant.
Le Québec est donc divisé. Avec au gouvernement un parti impuissant et entravé sur les questions fondamentales qui motivent la plupart de ses membres. J’entends ici et là des commentateurs célébrer la sagesse populaire qui aurait abouti à ce gouvernement archi-minoritaire. Mais quelle sagesse? Le peuple québécois n’est ni sage ni astucieux : il est divisé. La plupart de ceux qui ont voté PQ souhaitaient un gouvernement majoritaire. Tout comme ceux qui ont voté CAQ et PLQ. Il faut une étrange distance avec les événements et les passions populaires pour harmoniser dans une formule facile les tensions nombreuses qui énervent cette société divisée. Ce n’est pas sans raison que la campagne était aussi hargneuse : certains déniaient même la légitimité de leur adversaire. Une petite nation comme le Québec a-t-elle vraiment les moyens de se fissurer aussi intimement? Le sens véritable de cette élection? Les historiens nous le diront bien un jour. Pour l’instant, on peut y voir une étape de plus dans la désagrégation interne de la société québécoise.
L’état des partis
Le PQ a gagné – et encore. Mais la cause nationale a perdu. Il faut bien en convenir. À quoi sert de voter pour un parti souverainiste quand on sait l’indépendance improbable? Les souverainistes ont cherché à y répondre avec la doctrine de la gouvernance souverainiste. L’objectif : gérer nationalement la province de Québec. Multiplier les politiques conformes à l’intérêt national sans les modeler explicitement dans l’ordre constitutionnel de 1982. La doctrine était crédible et aurait pu relancer la question nationale en révélant la contradiction entre la défense de l’identité québécoise et le maintien du régime fédéral canadien. Elle n’est pas parvenue à convaincre les indépendantistes plus «radicaux» qui ont acheté la logique du crois ou meurs référendaire. Elle n’a pas non plus convaincu l’ultragauche indépendantiste de Québec solidaire qui a joué à son avantage la carte d’un idéalisme irresponsable dans plusieurs comtés montréalais.
En fait, il n’y avait que les fédéralistes purs et durs (et les médias canadiens-anglais, mais s’ils comprenaient le Québec, ça se saurait) pour croire que les souverainistes couraient au référendum. Chez eux, l’élection prenait la forme d’un «référendum sur nos valeurs». L’élection a réactivé un antinationalisme primaire et phobique qui risque d’endommager la cohésion sociale, d’autant plus qu’il se montre d’une virulence supérieure du Canada anglais. Dans une certaine droite, qui n’est évidemment pas toute la «droite», on a entendu des accusations à proprement parlé hystériques envers le Parti Québécois. De la classique accusation d’anglophobie, on est passé à celle de xénophobie et de racisme. Le PQ était accusé de vouloir «diviser» les Québécois, de créer deux catégories de citoyens, d’encourager au renfermement identitaire de la société québécoise.
Sur l’axe socio-économique, le PQ a joué sa campagne à gauche – ce qui ne veut pas dire pour autant qu’il a concurrencé Québec solidaire dans le créneau de l’anticapitalisme, comme le soutenaient certains trop rapidement. Le fait est pourtant que le Québec est au «centre-droit». Si la droite fédéraliste de Québec est irrécupérable pour le PQ, le centre-droit des 450 est parfaitement récupérable. Comme je le disais ce matin, il s’agit d’un électorat attaché au Québec d’abord même s’il est dépassionné par rapport à la question nationale. Il pourrait probablement voter OUI même s’il croit d’abord que le Québec doit être remis en ordre économiquement ou sur le plan des finances publiques avant de renouer avec une pratique plus active de la question nationale. Pour reprendre le vocabulaire de la campagne, les «souverainistes conservateurs» ne manquent pas. Le nationalisme a un large créneau au centre-droit.
Le PQ devra pratiquer le grand écart pour ramener les indépendantistes tentés par la dissidence radicale (les militants de QS et d’ON ne répondent pas nécessairement aux mêmes passions politiques, toutefois), le centre-gauche social-démocrate, les électeurs de centre-droit qui pourraient voter Oui mais ne rêvent ni ne souhaitent ni n’espèrent un référendum et les nationalistes conservateurs principalement préoccupés par la défense de l’identité québécoise. Il est loin d’être certain que la chose soit possible dans une société écartelée qui fait de moins en moins du nationalisme une politique (et qui est devenue étrangère à la question du «régime canadien», malgré les critiques adressées au multiculturalisme) et de plus en plus une attitude morale témoignant d’une fidélité sentimentale au Québec. Comment rassembler des souverainistes ne se rejoignant sur rien d’autre que l’indépendance quand la possibilité même d’un référendum n’apparaît plus à l’horizon?
Le PLQ se retrouve en excellente position pour se refaire une santé politique. Ses appuis chez les anglophones et les communautés culturelles demeurent intacts. Chez les francophones fédéralistes aussi – cela confirme, faut-il le dire, l’enracinement du PLQ dans certaines strates culturelles profondes du Québec francophone. Manifestement, sa stratégie électorale misant à la fois sur l’appel à la loi et l’ordre et la peur panique d’un séparatisme diabolisé a fonctionné. Il peut désormais mettre en place une stratégie majoritaire en récupérant, comme il l’avait fait en 2003 avec l’ADQ, le vote de centre-droit que François Legault a canalisé en partie lors de cette élection. La course à la chefferie qui s’annonce devrait lui en fournir l’occasion en lui permettant de se rajeunir à peu de frais. Il pourrait même «revamper» son image nationaliste, ce qui lui permettrait de repartir à la conquête du vote francophone majoritaire qui lui fait défaut.
On a espéré dans certains milieux la marginalisation du PLQ. Elle n’arrivera manifestement pas. Je parlais de l’enracinement du PLQ dans une frange du Québec francophone. Ce parti demeure la courroie de transmission du fédéralisme canadien au Québec. Il participe à la légitimation même du régime canadien au Québec. Il faudra un jour se questionner sur l’imaginaire idéologique et culturel de la frange du Québec francophone qui est traversée par une peur viscérale de l’indépendance (je ne parle pas de ceux qui pratiquent le fédéralisme lucide dans la tradition du fédéralisme québécois incarnée aujourd’hui par un Benoit Pelletier ou un Claude Bachand mais de ceux qui contestent la légitimité même de l’idée d’indépendance). Un peuple ne vit pas durablement dans un régime politique où la souveraineté lui échappe partiellement sans voir ses repères identitaires affaiblis et déstructurés, l’identification fantasmatique à la fédération venant quelquefois marquer un plus profond mépris de soi.
Un mot finalement sur la CAQ. Qui se retrouve dans une situation paradoxale. Elle a remporté son premier pari: elle existe. Mais alors qu’on croyait qu’une petite vague pouvait la porter au pouvoir, du moins à ses portes, elle se retrouve dans une position à peine meilleure que celle de la défunte ADQ, qu’elle a avalé. L’équipe rassemblée par François Legault méritait l’estime des Québécois. Cela vaut à la CAQ une certaine crédibilité politique. François Legault a repris la critique du Québec bloqué, d’une social-démocratie devenue social-bureaucratie, où les corporatismes étouffent le pouvoir de l’État et limitent l’initiative individuelle. À quelques nuances, les autres partis le reconnaissent implicitement, surtout à propos de l’endettement désastreux du Québec. Avant que le Québec n’atteigne un étrange point de non-retour, qui est celui des nations perdant toute souveraineté réelle à cause du poids de la dette qui les place sous la tutelle des marchés, ce constat devra être officialisé. Notre société ne pourra toujours reporter les réformes nécessaires à son redressement.
La CAQ n’est pas condamnée. Elle devra toutefois faire un bon bilan de campagne. À l’origine, elle entendait contester au PQ son hégémonie sur le courant nationaliste, en le faisant passer du centre-gauche au centre-droit. Son virage fédéraliste en début de campagne lui a fait du mal. Le ralliement de François Legault au camp du NON encore plus, d’autant plus qu’il continuait de soutenir qu’une défaite référendaire serait catastrophique pour le Québec – il s’engageait pourtant maintenant à y participer. En essayant désormais de remplacer le PLQ comme alternative fédéraliste, au point même de s’attirer l’appui de The Gazette, François Legault commettait une erreur majeur. Il sacrifiait sa crédibilité nationaliste – à tout le moins, il l’entamait. Il devra d’une manière ou de l’autre la regagner. Il y a des limites à manger à toutes les gamelles, à multiplier les appuis contradictoires. On ne peut à la fois jouer la carte du nationalisme et celle du front commun anti-séparatiste.
L’avenir de la question nationale
Retour à la vision d’ensemble. Qu’est-ce que cette élection nous dit sur le Québec politique? Quel constat nous permet-elle de faire sur notre société? Le première est simple et je l’ai exprimé à quelques reprises ces jours-ci : les Québécois se désintéressent de plus en plus de leur destin comme peuple. Ils se soucient désormais de leur avenir comme société. L’idéologie dominante y incite : mondialisation, individualisme moral, multiculturalisme, managérialisme, ces termes réfèrent à une tendance idéologique visible qui contribue au discrédit du sentiment national, sauf dans sa version édulcorée, et pour tout dire insignifiante. La politique québécoise se délivre de plus en plus de la trame nationale qui a structuré son histoire depuis 250 ans. Comme si «l’indépendance psychologique» de la société québécoise héritée de la Révolution tranquille s’accommodait de la normalisation tranquille d’un régime canadien auquel nous avons fini par nous habituer. Quelle est la portée structurante aujourd’hui de la question nationale? Les Québécois garderont-ils sur elle un œil attentif, mais distant? Reviendra-t-elle structurer la politique québécoise avec la présence à Ottawa du gouvernement Harper ? Se liquidera-t-elle dans le mythe de la société gestionnaire seulement occupée à gérer ses «vraies affaires»?
Il se pourrait aussi que pour une frange de la population, le particularisme québécois se dénationalise et que le vieux rêve d’une nation francophone enracinée dans quatre siècles d’histoire et constituée en État souverain cède sa place à l’idéal postmoderne d’une société bilingue et multiculturelle dont Montréal serait le laboratoire, comme si le Québec était le seul lieu où le fantasme trudeauiste pouvait s’accomplir politiquement. Comme si le Canada de 1982 et son idéologie des «droits» avait accouché d’une génération de «Canadiens» multiculturels et bilingues fonctionnant spontanément dans un univers postnational, à la manière de parfaits «citoyens du monde». Un régime politique finit par conditionner culturellement la population qui y évolue.
Ce trudeauïsme à la québécoise est viscéralement allergique à toute forme de protection linguistique et culturelle, comme s’il n’était pas possible de rappeler la situation de précarité existentielle de la nation québécoise sans d’un coup se faire accuser de rapetisser les Québécois ou de vouloir les enfermer dans un ghetto linguistique – ce qui est absurde. La seule émancipation serait par rapport à une collectivité trop pesante qui empêcherait ses individus de s’ouvrir au monde. Le nationalisme linguistique devient, dans cette perspective, une contrainte intolérable. Autrefois, on s’émancipait par la nation. Désormais, on s’émanciperait de la nation. Ce courant politique est minoritaire mais il n’est pas interdit de croire qu’il soit appelé à croître. Reste à voir s’il parviendra vraiment à s’imposer politiquement. C’est loin d’être certain. Même lorsqu’ils s’opposent possiblement à certaines mesures jugées trop «radicales» du programme péquiste, les Québécois sont loin de consentir à la régression du français à Montréal et ne sont pas fermés à tout renforcement de la loi 101. Loin de là.
C’est peut-être autour de cette perspective que la question nationale pourrait se recomposer. On comprend ici la portée de la question identitaire très présente dans la campagne électorale. Le nationalisme québécois, dans ce contexte, a une dimension inévitablement conservatrice qu’il devrait assumer, plutôt que la refouler, l’euphémiser ou la rejeter (nul besoin, pour autant, d’user de ce terme qui n’est pas d’usage courant dans la politique québécoise). Par conservatisme, j’entends ici ce désir d’inscrire le Québec dans une continuité nationale, structurée par l’héritage de la majorité francophone et le désir de l’investir au cœur de l’espace public. Par conservatisme, j’entends aussi une valorisation du monde commun, de la transmission culturelle, de l’enracinement identitaire, qui vient limiter l’individualisme à tout crin qui justifie au nom des «droits» la déconstruction systématique des protections culturelles et identitaires nécessaires à la survie et la permanence de la nation. Par conservatisme, j’entends cette philosophie politique qui propose une définition substantielle, et historiquement construite, de la citoyenneté, plutôt qu’une définition strictement instrumentale. Par conservatisme, j’entends une philosophie politique qui réhabilite le souci du commun sans pour autant le penser dans le langage de l’utopisme collectiviste.
Ce «nationalisme conservateur», qui transcende au moins partiellement les catégories politiques ordinaires, fait de la défense de l’identité québécoise son programme principal, ce qui ne veut évidemment pas dire qu’il se ferme, comme le disent certains, aux exigences de la modernité démocratique. Bien au contraire : il rappelle plutôt que la démocratie, comme la citoyenneté, ont besoin d’un espace d’incarnation, modelé par une historique et incarné dans une culture. Il rappelle aussi que «l’ouverture au monde» doit s’opérer à partir de la culture québécoise et de son potentiel d’universalisation, et non à partir de son oblitération. Dans une époque marquée par une crise de la mondialisation, où on redécouvre l’importance des fondements historiques de toute société démocratique, cette politique ne devrait pas effrayer ceux qui reconnaissent que l’homme est un «héritier» et que c’est à travers cet héritage – qui n’est pas une cage, faut-il le dire – qu’il peut atteindre une authentique universalité. Il ne s’agit pas de «fermer» l’identité québécoise, mais bien de savoir quels sont les repères fondamentaux qui la constituent. Il s’agit toutefois de voir que l’individualisme des droits «radicalisé» agit partout à la manière d’un dissolvant politique, et qu’il dépolitise certaines questions qui relèvent pourtant de la cohésion sociale et nationale – je pense évidemment à la langue, mais aussi à la gestion du religieux dans l’espace public, ou au rôle de la conscience historique dans la construction de la citoyenneté. Il s’accompagne souvent d’un multiculturalisme qui vient disqualifier l’expérience historique d’une société. Il s’agit finalement de rappeler que le politique, dans nos sociétés, n’est pas qu’une instance de gestion des «droits», mais un lieu d’agir commun, à partir duquel un peuple détermine son destin.
Il va de soi que cette politique révélera rapidement les limites inhérentes du cadre canadien pour ceux qui misent sur un épanouissement véritable de l’identité québécoise. Il ne faudra pas y voir une recherche absurde de la «chicane» mais la volonté légitime de remettre en question un cadre constitutionnel contradictoire. À moins qu’on assimile à de la «chicane» toute remise en question de l’ordre constitutionnel de 1982. À moins de consentir à la sacralisation de la constitution, de la charte des droits et de la philosophie multiculturelle de la citoyenneté qu’elle implante. Cela correspondrait, dans les faits, à sa normalisation idéologique. On ne voit pas pourquoi les souverainistes devraient y souscrire. On ne voit pas pourquoi les Québécois eux-mêmes devraient reconnaître une légitimité supérieure à une constitution qu’aucun de leur gouvernement n’a signée. À moins que cette signature ne soit absente ne doit insignifiante, les souverainistes sont en droit de prendre au sérieux cette absence et d’en tenir compte dans leur politique d’affirmation nationale. Cela demeure, à ce qu’on en sait, la thèse souverainiste de base : l’affirmation du Québec est incompatible avec la préservation du cadre fédéral. Il faut prendre au sérieux les souverainistes quand ils disent que le Canada ne convient pas au Québec. Faut-il rappeler la virulence du Quebec bashing qui se manifeste dans le premier quand le second recommence à prendre au sérieux la promotion de son identité?
Le dernier mot
Mais ce conflit autour de la «question identitaire», à partir duquel la question nationale est peut-être en train de se réinventer, pourrait bien demeurer paralysant pour notre société tant qu’il ne s’incarnera pas dans de grandes personnalités politiques. Ce qui ressort aussi des temps actuels, c’est la carence terrible du leadership politique. La société québécoise vit à l’ombre de ses géants : Lévesque, Parizeau, Bouchard, Trudeau, Mulroney. Malgré tout ce qu’en disent les théories à la mode sur le changement social, il faut des hommes d’exception pour faire de grandes choses. Le peuple ne se met pas en mouvement lui-même sauf pour le temps d’une jacquerie. À moins que le tout ne s’opère à travers un grand cri d’exaspération devant l’impuissance collective, il faudra un leadership fort pour rassembler les Québécois. Mais le charisme ne vient pas sur commande. Pour les souverainistes, on traduira ce problème ainsi: Pauline Marois le sait et se retrouve devant une alternative étrange, qui nous ramène à l’histoire de l’Union nationale : ou bien devenir Daniel Johnson (sans la fin tragique), ou bien devenir Jean-Jacques Bertrand. Le premier aurait pu sauver son parti et l’inscrire dans la
Révolution tranquille s’il n’avait été la victime d’une mort tragique. Le deuxième a consacré la disqualification historique de son parti.
Je n’entends surtout pas avoir le mot final à propos de cette élection dont la signification véritable n’apparaîtra qu’au fil de l’histoire à venir. J’en retiens encore une chose, toutefois : nous sommes encore dans un moment d’indétermination historique et politique au Québec. On sait ce qui peut arriver. On ne sait pas ce qui arrivera. Les bonnes stratégies politiques sont aujourd’hui indispensables pour chacun. Je parle de stratégies, et non de pures tactiques électorales. Pour les partis, il faut moins acheter quelques clientèles électorales supplémentaires que bâtir de grandes coalitions, ce qui implique une vision claire de l’avenir du Québec. Nous sommes à un moment où l’histoire peut encore basculer, où la société est en attente de quelque chose sans savoir exactement ce qu’elle désire, et cela dans un contexte mondial qui laisse à la fois penser à un retour des nations et à leur possible renoncement à la souveraineté. Théoriquement, tout cela devrait être excitant.
Et pourtant, nous ressentons tous une grande fatigue mentale et politique. Le sentiment d’avoir gâché une année. Le sentiment d’avoir laissé passer une occasion d’engager le grand redressement, qu’il commence par l’étape identitaire représentée par le PQ ou l’étape socio-économique représentée par la CAQ. Nous avons le sentiment d’un grand avortement électoral qui affaiblit un peuple déjà abimé. Les catégories politiques habituelles ne fonctionnent plus, mais de nouvelles ne parviennent pas à s’imposer. On parle du grand ménage, de ras le bol. On sait que le Québec est profondément bloqué.
On pourrait en appeler à la «bataille des idées». Mais d’abord devrions-nous savoir lesquels. Une chose est certaine : l’impuissance politique est mortifère. Un peuple dévale la pente du déclin puis en vient à croire que c’est en s’oubliant qu’il progressera. Il n’est pas impossible que le Québec soit engagé sur une telle pente.
RD
Je ne parle même pas de l’indépendance. Tout le monde savait que Pauline Marois ne la ferait pas. Je parle du cégep français, de la création d’une citoyenneté québécoise, de la nouvelle loi 101 et probablement de la loi sur la laïcité. Le slogan de l’année à venir : l’impuissance au pouvoir !
Le projet souverainiste est épuisé. Comme si les Québécois ne se préoccupaient plus de leur destin comme peuple, mais seulement de leur avenir comme société. Et encore ! S’intéressent-ils vraiment à l’avenir, dans la société de la jouissance immédiate ?
Je pose la question : sommes-nous encore un peuple ? Ne sommes-nous pas plutôt une série de clientèles hostiles les unes aux autres, entretenues artificiellement par un État endetté qui ne sait plus vraiment quelle est sa mission ?
Fracture profonde
Le Québec est divisé. Comme jamais. Aux belles années du Oui et du Non, nous n’étions pas d’accord, mais nous savions quel était notre désaccord. Aujourd’hui, les Québécois ne se parlent plus. Ils ne savent plus ce qui les unit, ni même ce qui les désunit.
Les résultats électoraux reflètent une fracture plus profonde. Chaque parti a joué sa base : la gauche souverainiste pour le PQ, les ultrafédéralistes pour le PLQ, le centre droit pour la CAQ. Chacun constate que sa base est insuffisante pour prendre le pouvoir.
Un fait ressort pourtant. Le Québec est majoritairement « à droite ». Je ne parle pas d’une droite radicale, mais du centre droit ordinaire, celui qui ne se pâmait pas devant les étudiants au printemps et qui croit notre société paralysée dans le « modèle québécois ».
La « droite », ce n’est pas seulement une question d’efficacité, mais de « valeurs traditionnelles » : responsabilité individuelle ; effort ; famille ; enracinement identitaire ; rigueur budgétaire. Printemps érable ou non, le « progressisme » n’a plus le monopole des valeurs québécoises.
Courant réformateur
Au sein même du Québec francophone, il y a tout un courant réformateur qui fait le constat d’échec de la social-démocratie ou, du moins, qui critique ses excès. Il a porté plusieurs noms depuis 10 ans. On l’a nommé ADQ ou Québec lucide, on l’appelle désormais CAQ.
Si, dans la région de Québec, il est clairement fédéraliste, ailleurs, et surtout dans le 450, il est nationaliste. Ses partisans n’ont pas d’attachement émotif au Canada. Ces gens-là pourraient voter Oui au référendum. Mais c’est leur 1 000e priorité.
Les souverainistes devront s’ouvrir à eux. Ils ont remarquablement rénové leur programme identitaire depuis cinq ans. Ils devront maintenant rénover leur programme socioéconomique. À trop marcher sur leur jambe gauche, ils ont fini par claudiquer.
Je l’écris depuis des années : les souverainistes préfèrent perdre 100 votes à droite qu’un vote à gauche. Dans le premier cas, ils relativisent la perte. Dans le deuxième, ils ont l’impression de perdre leur âme. Le PQ était obsédé par Québec solidaire et le carré rouge. C’était suicidaire.
Avec la Révolution tranquille, le nationalisme est passé de droite à gauche. Après 50 ans, comprendra-t-on qu’il est allé trop loin ? Que le Québec n’appartient pas qu’aux sociaux-démocrates ? Qui osera faire ce constat ? Qui en tirera les conséquences ?
« Une démocratie fatiguée: retour sur les élections du 4 septembre »
Étrange année 2012. Elle a commencé dans le cynisme absolu. Tout était noir. C’était, disait-on, l’hiver démocratique. La politique était synonyme de corruption. Les Québécois ne voyaient pas une classe politique occupée aux affaires publiques, mais un rassemblement de fourbes, petits et grands, occupés à piller le bien commun pour leur plaisir privé. Comme si les Québécois ne croyaient plus en leur destin collectif, seulement à leur avenir individuel. Le gouvernement Charest représentait parfaitement le confort et l’indifférence dans laquelle s’installait une société trouvant dans le festivisme primaire ou sophistiqué la seule manière de s’exciter un peu. Oui, je caricature. Mais pas tant que ça. Le constat général était celui de la dépolitisation de la vie québécoise.
Puis est venue une suite étrange. Le «printemps érable». Une grande manifestation de la gauche québécoise (et au paroxysme du mouvement des casseroles, une manifestation allant bien au-delà de la gauche «QS») que l’on a pris à tort, toutefois, pour celle du peuple québécois en entier. Il y a eu une grand ouverture de l’espace public à l’idéal politique. Pour le meilleur et pour le pire. On s’est rappelé que la politique n’était pas qu’une affaire comptable. On s’est rappelé que le collectif est un besoin profond auquel nos sociétés ne savent pas répondre adéquatement. Une certaine jeunesse a aussi rappelé l’injustice intergénérationnelle majeure qu’elle subira quand se croiseront la logique d’endettement d’un État providence déjà en crise et le vieillissement de la population qui cassera l’équilibre des solidarités collectives.
Mais on a oublié que la politique avait aussi quelque chose à voir avec la réalité, qu’il s’agit moins pour elle d’inventer un monde que de rendre celui que nous avons toujours un peu plus habitable. La rhétorique révolutionnaire de l’ultragauche correspond rarement aux réformes exigées par une société, réformes toujours à accorder avec le principe de réalité. Celui-ci se décline ainsi : tout n’est pas possible. Il faut faire des choix. Une action n’a jamais exactement les résultats que l’on espère d’elle. Autrement dit, toute utopie déçoit ses promesses. La vieille manie qui consiste à croire que les riches ont tout et qu’il suffit de leur prendre ce qu’ils ont pour fabriquer par décret une société plus juste s’est renouvelée dans le discours public. Un peu plus et on rejouait les vieilles chansons de la lutte des classes, faite sur mesure pour enrayer la croissance d’une société et briser l’harmonie sociale.
D’un coup, la rue devenait un étrange théâtre, croyant exprimer la volonté populaire, contre une Assemblée nationale accusée d’incarner une forme désuète de la démocratie – ou oubliait pourtant que c’est le peuple qui avait voté pour les députés. Cela ne comptait plus : puisque la démocratie ne se résumait pas à «un vote aux quatre ans», mieux valait apparemment mépriser le résultat de ce vote. On oubliait que la démocratie n’est pas qu’un système de représentation des préférences populaires, mais d’abord un système de gouvernement. Le mépris anarchisant pour l’autorité conduisait à terme la société à l’impuissance politique. Ceux qui réduisent le processus électoral à «un vote aux quatre ans» témoignent aussi de leur mécompréhension profonde de notre système démocratique, de son fonctionnement et du rôle des partis dans une démocratie libérale.
Le débat ne portait pas seulement sur la hausse des frais de scolarité. Mais sur la vision de l’éducation. Sur la vision de la prospérité. Sur la vision et la fonction de la croissance économique. Sur la conception de l’ordre public. Sur celle de la démocratie. Sur les mécanismes de la solidarité sociale. Sur la valeur de la responsabilité individuelle. C’est tout un malaise accumulé depuis des années qui s’est engouffré dans la brèche du printemps québécois, et des philosophies politiques concurrentes qui se sont affrontées, sans toujours dire leur nom, puisqu’un camp prétendait avoir le monopole du réel, alors que l’autre réclamait celui de l’idéal.
Chose certaine, le débat entre la gauche et la droite sur lequel on théorisait depuis longtemps est arrivé ici en évacuant la question nationale, même si on en préservait quelques apparences (et même si elle continue évidemment d’intéresser un segment de l’électorat). Et il faut en convenir, les grands idéaux du printemps québécois n’avaient pas vraiment d’échos politiquement, sauf peut-être à Québec solidaire, ce qui en dit moins sur la faiblesse de notre système de représentation que sur l’écho populaire finalement limité des exigences de la «rue». Le mouvement du carré rouge dépassait-il vraiment quelques quartiers et quelques milieux sociaux disposant d’un accès privilégié à l’espace public? Et pourtant le Québec s’éveillait politiquement. Et le peuple commençait à avoir hâte. Hâte aux élections. Hâte à la joute permettant de transposer politiquement les querelles du printemps.
La division québécoise
Hâte aux élections, dis-je. Je passe vite sur la campagne, qui ne manquait pas d’intérêt. Mais déception devant les résultats. Déception terrible. Fallait-il s’en surprendre? Après de telles tensions, de tels déchirements, et cela dans une société ne parvenant pas vraiment à faire son deuil de l’indépendance, on l’a constaté mais ne désirant pas vraiment non plus la poursuivre: le Québec est une société profondément divisée, fragmentée, où se multiplient les lignes de fracture, où les tensions idéologiques s’exaspèrent. Cette fragmentation politique recouvre probablement des fractures sociologiques et culturelles plus profondes que la mythologie du Québec moderne avait fait disparaître du radar politique, mais qui ressortent au fur et à mesure que nous sortons du grand récit de la Révolution tranquille. L’identité québécoise «moderne» a travaillé inégalement les différents segments du Québec francophone, et on peut croire qu’un certain ressentiment contre le modernisme technocratique incarné par le PQ et associé aux privilégiés du modèle québécois revient aujourd’hui à la manière d’un sentiment longtemps refoulé. Certains médias comme certains courants politiques en cours d’organisation capitalisent sur ce malaise.
Non seulement nous ne savons pas ce qui nous rassemble. Mais nous ne savons plus ce qui nous divise. Souverainistes ou fédéralistes? Progressistes ou conservateurs? Carrés rouges ou carrés verts? Ou oublie une chose : une société avec trop de lignes de fractures s’éparpille davantage qu’elle ne cultive le pluralisme (on imagine, dans ce contexte, les effets désastreux d’une représentation proportionnelle qui viendrait multiplier les partis à idée fixe). C’est paradoxalement dans l’horreur partagée devant l’attentat d’un psychopathe que notre société est parvenue à refaire un peu son unité, dans un rappel existentiel des règles démocratiques qui représentent le premier patrimoine politique de notre civilisation – parmi celles-là le refus absolu de la violence politique (je me permets d’ajouter que l’instrumentalisation du crime de ce désaxé par un camp ou par un autre n’aide pas le débat public, et vient l’empoisonner davantage). Certains trouveront aussi un réconfort dans l’élection d’une femme comme premier ministre. C’est évidemment un symbole fort dans notre histoire démocratique. Cela ne fait pas un projet politique pour autant.
Le Québec est donc divisé. Avec au gouvernement un parti impuissant et entravé sur les questions fondamentales qui motivent la plupart de ses membres. J’entends ici et là des commentateurs célébrer la sagesse populaire qui aurait abouti à ce gouvernement archi-minoritaire. Mais quelle sagesse? Le peuple québécois n’est ni sage ni astucieux : il est divisé. La plupart de ceux qui ont voté PQ souhaitaient un gouvernement majoritaire. Tout comme ceux qui ont voté CAQ et PLQ. Il faut une étrange distance avec les événements et les passions populaires pour harmoniser dans une formule facile les tensions nombreuses qui énervent cette société divisée. Ce n’est pas sans raison que la campagne était aussi hargneuse : certains déniaient même la légitimité de leur adversaire. Une petite nation comme le Québec a-t-elle vraiment les moyens de se fissurer aussi intimement? Le sens véritable de cette élection? Les historiens nous le diront bien un jour. Pour l’instant, on peut y voir une étape de plus dans la désagrégation interne de la société québécoise.
L’état des partis
Le PQ a gagné – et encore. Mais la cause nationale a perdu. Il faut bien en convenir. À quoi sert de voter pour un parti souverainiste quand on sait l’indépendance improbable? Les souverainistes ont cherché à y répondre avec la doctrine de la gouvernance souverainiste. L’objectif : gérer nationalement la province de Québec. Multiplier les politiques conformes à l’intérêt national sans les modeler explicitement dans l’ordre constitutionnel de 1982. La doctrine était crédible et aurait pu relancer la question nationale en révélant la contradiction entre la défense de l’identité québécoise et le maintien du régime fédéral canadien. Elle n’est pas parvenue à convaincre les indépendantistes plus «radicaux» qui ont acheté la logique du crois ou meurs référendaire. Elle n’a pas non plus convaincu l’ultragauche indépendantiste de Québec solidaire qui a joué à son avantage la carte d’un idéalisme irresponsable dans plusieurs comtés montréalais.
En fait, il n’y avait que les fédéralistes purs et durs (et les médias canadiens-anglais, mais s’ils comprenaient le Québec, ça se saurait) pour croire que les souverainistes couraient au référendum. Chez eux, l’élection prenait la forme d’un «référendum sur nos valeurs». L’élection a réactivé un antinationalisme primaire et phobique qui risque d’endommager la cohésion sociale, d’autant plus qu’il se montre d’une virulence supérieure du Canada anglais. Dans une certaine droite, qui n’est évidemment pas toute la «droite», on a entendu des accusations à proprement parlé hystériques envers le Parti Québécois. De la classique accusation d’anglophobie, on est passé à celle de xénophobie et de racisme. Le PQ était accusé de vouloir «diviser» les Québécois, de créer deux catégories de citoyens, d’encourager au renfermement identitaire de la société québécoise.
Sur l’axe socio-économique, le PQ a joué sa campagne à gauche – ce qui ne veut pas dire pour autant qu’il a concurrencé Québec solidaire dans le créneau de l’anticapitalisme, comme le soutenaient certains trop rapidement. Le fait est pourtant que le Québec est au «centre-droit». Si la droite fédéraliste de Québec est irrécupérable pour le PQ, le centre-droit des 450 est parfaitement récupérable. Comme je le disais ce matin, il s’agit d’un électorat attaché au Québec d’abord même s’il est dépassionné par rapport à la question nationale. Il pourrait probablement voter OUI même s’il croit d’abord que le Québec doit être remis en ordre économiquement ou sur le plan des finances publiques avant de renouer avec une pratique plus active de la question nationale. Pour reprendre le vocabulaire de la campagne, les «souverainistes conservateurs» ne manquent pas. Le nationalisme a un large créneau au centre-droit.
Le PQ devra pratiquer le grand écart pour ramener les indépendantistes tentés par la dissidence radicale (les militants de QS et d’ON ne répondent pas nécessairement aux mêmes passions politiques, toutefois), le centre-gauche social-démocrate, les électeurs de centre-droit qui pourraient voter Oui mais ne rêvent ni ne souhaitent ni n’espèrent un référendum et les nationalistes conservateurs principalement préoccupés par la défense de l’identité québécoise. Il est loin d’être certain que la chose soit possible dans une société écartelée qui fait de moins en moins du nationalisme une politique (et qui est devenue étrangère à la question du «régime canadien», malgré les critiques adressées au multiculturalisme) et de plus en plus une attitude morale témoignant d’une fidélité sentimentale au Québec. Comment rassembler des souverainistes ne se rejoignant sur rien d’autre que l’indépendance quand la possibilité même d’un référendum n’apparaît plus à l’horizon?
Le PLQ se retrouve en excellente position pour se refaire une santé politique. Ses appuis chez les anglophones et les communautés culturelles demeurent intacts. Chez les francophones fédéralistes aussi – cela confirme, faut-il le dire, l’enracinement du PLQ dans certaines strates culturelles profondes du Québec francophone. Manifestement, sa stratégie électorale misant à la fois sur l’appel à la loi et l’ordre et la peur panique d’un séparatisme diabolisé a fonctionné. Il peut désormais mettre en place une stratégie majoritaire en récupérant, comme il l’avait fait en 2003 avec l’ADQ, le vote de centre-droit que François Legault a canalisé en partie lors de cette élection. La course à la chefferie qui s’annonce devrait lui en fournir l’occasion en lui permettant de se rajeunir à peu de frais. Il pourrait même «revamper» son image nationaliste, ce qui lui permettrait de repartir à la conquête du vote francophone majoritaire qui lui fait défaut.
On a espéré dans certains milieux la marginalisation du PLQ. Elle n’arrivera manifestement pas. Je parlais de l’enracinement du PLQ dans une frange du Québec francophone. Ce parti demeure la courroie de transmission du fédéralisme canadien au Québec. Il participe à la légitimation même du régime canadien au Québec. Il faudra un jour se questionner sur l’imaginaire idéologique et culturel de la frange du Québec francophone qui est traversée par une peur viscérale de l’indépendance (je ne parle pas de ceux qui pratiquent le fédéralisme lucide dans la tradition du fédéralisme québécois incarnée aujourd’hui par un Benoit Pelletier ou un Claude Bachand mais de ceux qui contestent la légitimité même de l’idée d’indépendance). Un peuple ne vit pas durablement dans un régime politique où la souveraineté lui échappe partiellement sans voir ses repères identitaires affaiblis et déstructurés, l’identification fantasmatique à la fédération venant quelquefois marquer un plus profond mépris de soi.
Un mot finalement sur la CAQ. Qui se retrouve dans une situation paradoxale. Elle a remporté son premier pari: elle existe. Mais alors qu’on croyait qu’une petite vague pouvait la porter au pouvoir, du moins à ses portes, elle se retrouve dans une position à peine meilleure que celle de la défunte ADQ, qu’elle a avalé. L’équipe rassemblée par François Legault méritait l’estime des Québécois. Cela vaut à la CAQ une certaine crédibilité politique. François Legault a repris la critique du Québec bloqué, d’une social-démocratie devenue social-bureaucratie, où les corporatismes étouffent le pouvoir de l’État et limitent l’initiative individuelle. À quelques nuances, les autres partis le reconnaissent implicitement, surtout à propos de l’endettement désastreux du Québec. Avant que le Québec n’atteigne un étrange point de non-retour, qui est celui des nations perdant toute souveraineté réelle à cause du poids de la dette qui les place sous la tutelle des marchés, ce constat devra être officialisé. Notre société ne pourra toujours reporter les réformes nécessaires à son redressement.
La CAQ n’est pas condamnée. Elle devra toutefois faire un bon bilan de campagne. À l’origine, elle entendait contester au PQ son hégémonie sur le courant nationaliste, en le faisant passer du centre-gauche au centre-droit. Son virage fédéraliste en début de campagne lui a fait du mal. Le ralliement de François Legault au camp du NON encore plus, d’autant plus qu’il continuait de soutenir qu’une défaite référendaire serait catastrophique pour le Québec – il s’engageait pourtant maintenant à y participer. En essayant désormais de remplacer le PLQ comme alternative fédéraliste, au point même de s’attirer l’appui de The Gazette, François Legault commettait une erreur majeur. Il sacrifiait sa crédibilité nationaliste – à tout le moins, il l’entamait. Il devra d’une manière ou de l’autre la regagner. Il y a des limites à manger à toutes les gamelles, à multiplier les appuis contradictoires. On ne peut à la fois jouer la carte du nationalisme et celle du front commun anti-séparatiste.
L’avenir de la question nationale
Retour à la vision d’ensemble. Qu’est-ce que cette élection nous dit sur le Québec politique? Quel constat nous permet-elle de faire sur notre société? Le première est simple et je l’ai exprimé à quelques reprises ces jours-ci : les Québécois se désintéressent de plus en plus de leur destin comme peuple. Ils se soucient désormais de leur avenir comme société. L’idéologie dominante y incite : mondialisation, individualisme moral, multiculturalisme, managérialisme, ces termes réfèrent à une tendance idéologique visible qui contribue au discrédit du sentiment national, sauf dans sa version édulcorée, et pour tout dire insignifiante. La politique québécoise se délivre de plus en plus de la trame nationale qui a structuré son histoire depuis 250 ans. Comme si «l’indépendance psychologique» de la société québécoise héritée de la Révolution tranquille s’accommodait de la normalisation tranquille d’un régime canadien auquel nous avons fini par nous habituer. Quelle est la portée structurante aujourd’hui de la question nationale? Les Québécois garderont-ils sur elle un œil attentif, mais distant? Reviendra-t-elle structurer la politique québécoise avec la présence à Ottawa du gouvernement Harper ? Se liquidera-t-elle dans le mythe de la société gestionnaire seulement occupée à gérer ses «vraies affaires»?
Il se pourrait aussi que pour une frange de la population, le particularisme québécois se dénationalise et que le vieux rêve d’une nation francophone enracinée dans quatre siècles d’histoire et constituée en État souverain cède sa place à l’idéal postmoderne d’une société bilingue et multiculturelle dont Montréal serait le laboratoire, comme si le Québec était le seul lieu où le fantasme trudeauiste pouvait s’accomplir politiquement. Comme si le Canada de 1982 et son idéologie des «droits» avait accouché d’une génération de «Canadiens» multiculturels et bilingues fonctionnant spontanément dans un univers postnational, à la manière de parfaits «citoyens du monde». Un régime politique finit par conditionner culturellement la population qui y évolue.
Ce trudeauïsme à la québécoise est viscéralement allergique à toute forme de protection linguistique et culturelle, comme s’il n’était pas possible de rappeler la situation de précarité existentielle de la nation québécoise sans d’un coup se faire accuser de rapetisser les Québécois ou de vouloir les enfermer dans un ghetto linguistique – ce qui est absurde. La seule émancipation serait par rapport à une collectivité trop pesante qui empêcherait ses individus de s’ouvrir au monde. Le nationalisme linguistique devient, dans cette perspective, une contrainte intolérable. Autrefois, on s’émancipait par la nation. Désormais, on s’émanciperait de la nation. Ce courant politique est minoritaire mais il n’est pas interdit de croire qu’il soit appelé à croître. Reste à voir s’il parviendra vraiment à s’imposer politiquement. C’est loin d’être certain. Même lorsqu’ils s’opposent possiblement à certaines mesures jugées trop «radicales» du programme péquiste, les Québécois sont loin de consentir à la régression du français à Montréal et ne sont pas fermés à tout renforcement de la loi 101. Loin de là.
C’est peut-être autour de cette perspective que la question nationale pourrait se recomposer. On comprend ici la portée de la question identitaire très présente dans la campagne électorale. Le nationalisme québécois, dans ce contexte, a une dimension inévitablement conservatrice qu’il devrait assumer, plutôt que la refouler, l’euphémiser ou la rejeter (nul besoin, pour autant, d’user de ce terme qui n’est pas d’usage courant dans la politique québécoise). Par conservatisme, j’entends ici ce désir d’inscrire le Québec dans une continuité nationale, structurée par l’héritage de la majorité francophone et le désir de l’investir au cœur de l’espace public. Par conservatisme, j’entends aussi une valorisation du monde commun, de la transmission culturelle, de l’enracinement identitaire, qui vient limiter l’individualisme à tout crin qui justifie au nom des «droits» la déconstruction systématique des protections culturelles et identitaires nécessaires à la survie et la permanence de la nation. Par conservatisme, j’entends cette philosophie politique qui propose une définition substantielle, et historiquement construite, de la citoyenneté, plutôt qu’une définition strictement instrumentale. Par conservatisme, j’entends une philosophie politique qui réhabilite le souci du commun sans pour autant le penser dans le langage de l’utopisme collectiviste.
Ce «nationalisme conservateur», qui transcende au moins partiellement les catégories politiques ordinaires, fait de la défense de l’identité québécoise son programme principal, ce qui ne veut évidemment pas dire qu’il se ferme, comme le disent certains, aux exigences de la modernité démocratique. Bien au contraire : il rappelle plutôt que la démocratie, comme la citoyenneté, ont besoin d’un espace d’incarnation, modelé par une historique et incarné dans une culture. Il rappelle aussi que «l’ouverture au monde» doit s’opérer à partir de la culture québécoise et de son potentiel d’universalisation, et non à partir de son oblitération. Dans une époque marquée par une crise de la mondialisation, où on redécouvre l’importance des fondements historiques de toute société démocratique, cette politique ne devrait pas effrayer ceux qui reconnaissent que l’homme est un «héritier» et que c’est à travers cet héritage – qui n’est pas une cage, faut-il le dire – qu’il peut atteindre une authentique universalité. Il ne s’agit pas de «fermer» l’identité québécoise, mais bien de savoir quels sont les repères fondamentaux qui la constituent. Il s’agit toutefois de voir que l’individualisme des droits «radicalisé» agit partout à la manière d’un dissolvant politique, et qu’il dépolitise certaines questions qui relèvent pourtant de la cohésion sociale et nationale – je pense évidemment à la langue, mais aussi à la gestion du religieux dans l’espace public, ou au rôle de la conscience historique dans la construction de la citoyenneté. Il s’accompagne souvent d’un multiculturalisme qui vient disqualifier l’expérience historique d’une société. Il s’agit finalement de rappeler que le politique, dans nos sociétés, n’est pas qu’une instance de gestion des «droits», mais un lieu d’agir commun, à partir duquel un peuple détermine son destin.
Il va de soi que cette politique révélera rapidement les limites inhérentes du cadre canadien pour ceux qui misent sur un épanouissement véritable de l’identité québécoise. Il ne faudra pas y voir une recherche absurde de la «chicane» mais la volonté légitime de remettre en question un cadre constitutionnel contradictoire. À moins qu’on assimile à de la «chicane» toute remise en question de l’ordre constitutionnel de 1982. À moins de consentir à la sacralisation de la constitution, de la charte des droits et de la philosophie multiculturelle de la citoyenneté qu’elle implante. Cela correspondrait, dans les faits, à sa normalisation idéologique. On ne voit pas pourquoi les souverainistes devraient y souscrire. On ne voit pas pourquoi les Québécois eux-mêmes devraient reconnaître une légitimité supérieure à une constitution qu’aucun de leur gouvernement n’a signée. À moins que cette signature ne soit absente ne doit insignifiante, les souverainistes sont en droit de prendre au sérieux cette absence et d’en tenir compte dans leur politique d’affirmation nationale. Cela demeure, à ce qu’on en sait, la thèse souverainiste de base : l’affirmation du Québec est incompatible avec la préservation du cadre fédéral. Il faut prendre au sérieux les souverainistes quand ils disent que le Canada ne convient pas au Québec. Faut-il rappeler la virulence du Quebec bashing qui se manifeste dans le premier quand le second recommence à prendre au sérieux la promotion de son identité?
Le dernier mot
Mais ce conflit autour de la «question identitaire», à partir duquel la question nationale est peut-être en train de se réinventer, pourrait bien demeurer paralysant pour notre société tant qu’il ne s’incarnera pas dans de grandes personnalités politiques. Ce qui ressort aussi des temps actuels, c’est la carence terrible du leadership politique. La société québécoise vit à l’ombre de ses géants : Lévesque, Parizeau, Bouchard, Trudeau, Mulroney. Malgré tout ce qu’en disent les théories à la mode sur le changement social, il faut des hommes d’exception pour faire de grandes choses. Le peuple ne se met pas en mouvement lui-même sauf pour le temps d’une jacquerie. À moins que le tout ne s’opère à travers un grand cri d’exaspération devant l’impuissance collective, il faudra un leadership fort pour rassembler les Québécois. Mais le charisme ne vient pas sur commande. Pour les souverainistes, on traduira ce problème ainsi: Pauline Marois le sait et se retrouve devant une alternative étrange, qui nous ramène à l’histoire de l’Union nationale : ou bien devenir Daniel Johnson (sans la fin tragique), ou bien devenir Jean-Jacques Bertrand. Le premier aurait pu sauver son parti et l’inscrire dans la
Révolution tranquille s’il n’avait été la victime d’une mort tragique. Le deuxième a consacré la disqualification historique de son parti.
Je n’entends surtout pas avoir le mot final à propos de cette élection dont la signification véritable n’apparaîtra qu’au fil de l’histoire à venir. J’en retiens encore une chose, toutefois : nous sommes encore dans un moment d’indétermination historique et politique au Québec. On sait ce qui peut arriver. On ne sait pas ce qui arrivera. Les bonnes stratégies politiques sont aujourd’hui indispensables pour chacun. Je parle de stratégies, et non de pures tactiques électorales. Pour les partis, il faut moins acheter quelques clientèles électorales supplémentaires que bâtir de grandes coalitions, ce qui implique une vision claire de l’avenir du Québec. Nous sommes à un moment où l’histoire peut encore basculer, où la société est en attente de quelque chose sans savoir exactement ce qu’elle désire, et cela dans un contexte mondial qui laisse à la fois penser à un retour des nations et à leur possible renoncement à la souveraineté. Théoriquement, tout cela devrait être excitant.
Et pourtant, nous ressentons tous une grande fatigue mentale et politique. Le sentiment d’avoir gâché une année. Le sentiment d’avoir laissé passer une occasion d’engager le grand redressement, qu’il commence par l’étape identitaire représentée par le PQ ou l’étape socio-économique représentée par la CAQ. Nous avons le sentiment d’un grand avortement électoral qui affaiblit un peuple déjà abimé. Les catégories politiques habituelles ne fonctionnent plus, mais de nouvelles ne parviennent pas à s’imposer. On parle du grand ménage, de ras le bol. On sait que le Québec est profondément bloqué.
On pourrait en appeler à la «bataille des idées». Mais d’abord devrions-nous savoir lesquels. Une chose est certaine : l’impuissance politique est mortifère. Un peuple dévale la pente du déclin puis en vient à croire que c’est en s’oubliant qu’il progressera. Il n’est pas impossible que le Québec soit engagé sur une telle pente.
RD
vendredi, septembre 07, 2012
L'entraînement physique est bon même pour les personnes très âgées
Les bénéfices de l'entraînement physique se font sentir
chez tous les aînés, même les plus vieux et les plus fragiles, montre
une étude de l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal.
Le
Dr Louis Bherer et ses collègues expliquent que les retombées positives
de l'exercice sur les facultés physiques et cognitives ainsi que sur la
qualité de vie sont apparentes après trois mois seulement.
Cette
découverte est une excellente nouvelle, puisque l'allongement de
l'espérance de vie va de pair avec une augmentation du nombre de
personnes âgées fragiles, explique le Dr Bherer.
------------------------------------------------------------------------------------------------
Le saviez-vous?Environ 7 % des 65 à 74 ans, 18 % des 75 à 84 ans et 37 % des plus de 85 ans sont considérés comme fragiles.
-------------------------------------------------------------------------------------------------
La
fragilité augmente la vulnérabilité au stress et les effets néfastes
potentiels. Elle est associée à un risque élevé de chute,
d'hospitalisation, de déficit cognitif et de détresse psychologique.
« Pour la première fois, des personnes âgées fragiles
ont pu participer à une étude sur l'entraînement physique. [...] Mon
équipe a donc pu démontrer qu'une personne âgée, sédentaire et fragile
peut bénéficier d'améliorations importantes de ses fonctions cérébrales,
par exemple de sa mémoire, et de ses fonctions physiques, mais aussi de
sa qualité de vie. »
— Dr Bherer
Les auteurs de ces travaux publiés dans les Journals of gerontology
veulent maintenant adapter le programme d'exercice utilisé pour cette
étude afin de le rendre disponible à la population des aînés. Ils
espèrent permettre aux personnes âgées en bonne santé ou fragiles de
rester plus longtemps à la maison.
Source : Radio-Canada.ca
RD